Compter ses outs au poker, c'est chercher combien de cartes peuvent faire gagner le coup. Surestimer leur nombre est l'erreur la plus courante dans le calcul de ses chances de gagner. Il n'existe pas de méthode miracle pour les dénombrer avec certitude, mais les principes et exemples ci-dessous permettent de rapidement s'approcher du compte exact.
Compter les outs au poker : calcul
Lorsque vous comptez vos outs, vous voulez savoir combien de cartes vous feront gagner Ă©tant donnĂ© votre main et le flop. Bien sĂ»r, cela suppose de connaĂźtre par cĆur :
- le nombre de cartes : 52 en tout, 4 couleurs et 9 cartes par couleur
- le classement des mains au poker
En théorie, le calcul est simple : selon votre main et le flop, vous voyez rapidement si vous pouvez escompter un brelan, une quinte ou encore une couleur. De là , il suffit de compter le nombre de cartes qui pourront vous faire avoir la meilleure main.
Exemple : vous avez [iAp][iDc]. Le flop est le suivant : [iJc][i10c][i4c].
Vous pouvez alors compter sur :
- 4 rois pour la quinte
- 3 as pour la top paire
- 9 cĆurs [iAc][iRc][i9c][i8c][i7c][i6c][i5c][i3c][i2c] pour la couleur
Attention : méfiez vous de ne pas compter plusieurs fois vos outs ! Puisque vous n'allez pas compter 2 fois [iRc] et [iAc], vous avez donc un total de 14 outs, et non pas 16 comme vous pourriez hùtivement le croire.
Eliminer les faux
Définition
Il s'agit de cartes qui en thĂ©orie pourraient vous faire gagner mais qui en pratique favoriseront plus les autres joueurs que vous-mĂȘme. Deux Ă©lĂ©ments sont Ă prendre en compte pour les dĂ©tecter :
- nombre d'adversaires dans le coup : plus il y en aura, moins vous aurez de chances d'avoir telle carte précise qui vous fera par exemple toucher la meilleure couleur
- style de jeu adverse : face à un joueur serré, compter pour des outs les as et les rois n'est pas recommandé
Autant dire que cette part de rĂ©flexion demeure absente des logiciels calculateurs de poker : mĂȘme si ces outils peuvent vous aider, en dernier ressort ce seront vos compĂ©tences de joueur qui feront la diffĂ©rence.  Et si coucher un tirage oĂč vous auriez eu lĂ©gĂšrement la cote n'est pas une grosse erreur, suivre en ne l'ayant pas et risquer tous vos jetons en est une grossiĂšre.
Cas pratiques
Cas n°1 : faux outs pour une couleur
Vous avez en main [iDca][i8t] face à 3 adversaires et le flop est le suivant : [i9t][i7t][i6t]. Vous pouvez légitimement espérer un tirage quinte par les deux bouts (8 outs : tous les 10 et tous les 5). Cependant, il y a un tirage couleur possible pour les adversaires, vous pouvez donc par précaution ne pas compter vos outs apportant la couleur (soit [i10t] et [i5t] : vous n'avez plus que 6 outs).
Il est mieux de procĂ©der ainsi, car non seulement vous serez Ă mĂȘme de perdre un gros pot si vous touchez une quinte quand votre adversaire touchera la couleur, mais vous aurez de surcroĂźt beaucoup de mal Ă valoriser votre quinte avec une couleur Ă©vidente.
Qui plus est, face Ă 3 adversaires, il y a des chances pour que l'un d'entre eux obtienne sa couleur avec un kicker supĂ©rieur Ă votre [i8t]. Plus gĂ©nĂ©ralement, si vous avez un petit tirage couleur et qu'il y a Ă©normĂ©ment d'action avec plusieurs payeurs au flop, vous devez ĂȘtre conscient qu'un adversaire peut tout Ă fait avoir une meilleure main que la vĂŽtre. Dans ce cas, soit vous vous mĂ©fiez si vous touchez la couleur, soit vous dĂ©cidez de vous coucher si la turn ne vous est pas favorable.
Cas n°2 : la double paire trompeuse
Une autre erreur fréquente consiste à compter comme des outs certaines cartes pouvant vous apporter une double paire.
Par exemple, vous avez [iAt][i9ca] sur un board [iRp][i9p][i2c], face à un adversaire serré qui vous a relancé préflop et qui a continué à relancer au flop. Si vous comptez les as en plus de vos 9 comme des outs, cela revient à occulter le fait que votre adversaire peut détenir [iAc][iRt] vu son image et la configuration du coup.
Autre exemple : sur un flop [i8t][i9ca][i10c], vous avez [i9c][i7p]. Si vous comptez que vous jouez les 9 et les 7 pour la double paire, les 6 et les valets pour la quinte, soit 12 outs en tout, vous commettez une grosse erreur en octroyant beaucoup de force Ă votre main :
- si vous touchez la double paire, cela ouvre une quinte pour l'adversaire qui aura peut-ĂȘtre un [i6p] ou un [iJt]
- si vous touchez votre quinte haute avec un valet, cela ouvre une quinte supérieure à celui qui détient une dame.
Ajoutons qu'un [iDca][iJp] est une main appréciée par beaucoup de joueurs, et si jamais un adversaire la possÚde, vous risquez de perdre gros en ayant cru avoir votre quinte.
Il serait donc plus prudent de ne compter que les 6 vous apportant la petite quinte et les 9 pour votre brelan comme des outs potentiels (soit 6 outs).
Savoir revoir leur nombre à la baisse
2 types d'outs poker sont à éliminer à tout prix :
- les faux, comme vu ci-dessus
- les improbables
Concernant les seconds, c'est parce que l'on vise généralement des combinaisons moyennes : la high paire, le brelan, la couleur, la suite. Pour les autres (Carré, Full, Quinte Flush), il est tellement rare de les toucher qu'elles sont ignorées jusqu'à ce qu'on les détienne (avec alors une satisfaction que l'on tente de masquer par tous les moyens). Ces top mains font néanmoins parfois  l'objet de stratégies plus en amont, typiquement en pré-flop en suivant un maximum de coups avec des mains moyennes (par exemple [i4p][i4c]) sans trop entamer son capital de jetons.
Formule
(nbre de cartes permettant de toucher la combinaison 1 + nbre cartes combinaison 2 +Â nbre cartes combinaison 3) – (cartes communes Ă ces combinaisons + faux outs) / (nombre de cartes total pouvant tomber)
Cas pratique
Vous avez [iAt][i8ca] et la turn est [i5p][i8t][iDc][i8p]. Ici, vous avez d'ores et dĂ©jĂ une belle main. Vous pouvez bien sĂ»r espĂ©rer l'amĂ©liorer, surtout si l'adversaire qui a misĂ© a probablement lui-mĂȘme une double paire qu'il espĂšre convertir en full. Cela dit, vous auriez forcĂ©ment un meilleur full en touchant les 3 as restants, ce qui vous donne 3 outs. Vous pourriez aussi avoir encore mieux : un carrĂ© en touchant [i8c]. Cependant, les chances de lâobtenir à la river sont si faibles que mieux vaut vous abstenir de le compter.
Ensuite, c'est l'analyse de la situation qui interviendra dans votre décision.
- Si le joueur adverse est serrĂ©, rien n'empĂȘche qu'il ait [iAc][iAca], surtout s'il vous relance. Mais il n'aura alors que [iAp] pour un full ou un meilleur brelan que vous, puisque vous avez dĂ©jĂ [iAt]. Il peut Ă©galement attendre un 8, mais il ignore que vous en avez dĂ©jĂ un en main : qu'il touche celui qui reste est donc tout aussi improbable pour lui que pour vous, et de toute façon cela vous serait plus favorable qu'Ă lui (votre carrĂ© vaudrait plus que son full).
- S'il possĂšde [iRc][iRt], ou mĂȘme n'importe quelle autre paire supĂ©rieure Ă 8, il n'aura que 2 outs pour un full + l'improbable [i8c]
L'analyse de la situation vous montre ainsi que vous avez plus de chances de remporter le coup que lui en ĂŽtant vos outs improbables et ses faux outs : 3 pour vous contre 2 pour lui. Sachez aussi que de son point de vue, il peut croire qu'il en a plus puisqu'il ignore votre main : il n'hĂ©sitera pas Ă vous suivre, miser ou mĂȘme relancer, surtout avec une paire d'As ou de Rois. Vous pourrez ainsi lui soutirer beaucoup de jetons.
Correspondance nombre d'outs / probabilités
Nombre d'outs | % d'amélioration aprÚs le flop | % d'amélioration à la river |
1 | 4,26% | 2,17% |
2 | 8,42% | 4,35% |
3 | 12,49% | 6,52% |
4 | 16,47% | 8,70% |
5 | 20,35% | 10,87% |
6 | 24,14% | 13,04% |
7 | 27,84% | 15,22% |
8 | 31,45% | 17,39% |
9 | 34,97% | 19,57% |
10 | 38,39% | 21,74% |
11 | 41,72% | 23,91% |
12 | 44,96% | 26,09% |
13 | 48,10% | 28,26% |
14 | 51,16% | 30,43% |
15 | 54,12% | 32,61% |
16 | 56,98% | 34,78% |
17 | 59,46% | 36,96% |
18 | 62,44% | 39,13% |
19 | 65,03% | 41,30% |
20 | 67,53% | 43,48% |